Les beaux jours de la seigneurie du Hohnack au Moyen Âge : XIe au XVIe siècle
Les institutions
La naissance de la seigneurie du Hohnack
Vers 1038 : les comtes d’Eguisheim sont les premiers maîtres de la région. Le premier mentionné est Hugues IV père de Bruno qui deviendra le pape Léon IX. Les Eguisheim construisent le château du Hohnack puis celui de Gutenburg au Bonhomme qui sert de tour de guet. En 1049, les domaines d’Orbey et Lapoutroie sont donnés à l’abbaye de Ste Croix (Ste Croix en Plaine) par le pape Léon IX. Le dernier comte d’Eguisheim, Ulrich fait don à l’abbaye de Lucelle de terres situées au fond de la vallée de la Weiss au pied des Lacs. Vers 1138, 12 moines de Lucelle s’installent à Pairis. C’est le début de ce qui deviendra une abbaye.
Les successeurs des Eguisheim
A la mort du dernier Eguisheim en 1142, ses biens, dont le Hohnack, passent à son neveu Louis comte de Ferrette. En 1324, Jeanne de Ferrette épouse Albert II de Habsbourg, duc d’Autriche. Le comté de Ferrette sera donc possession des Habsbourg d’Autriche, jusqu’en 1648. Au gré des querelles de succession et de voisinage, la seigneurie du Hohnack échoit ensuite aux Ribeaupierre puis aux Saarwerden, puis aux Lupfen et retourne définitivement aux Ribeaupierre en 1437. Les droits de la seigneurie et des communautés sont codifiés dans des coutumes rédigées entre 1513 et 1567. C’est à ce moment qu’apparaît pour la première fois le terme « Val d’Orbey ».
La seigneurie banale
Le Val d’Orbey comporte quatre « baroches » c’est-à-dire paroisses : Orbey, Lapoutroie, Labaroche et Fréland. Les Ribeaupierre sont vassaux des Habsbourg pour les trois premières et vassaux de l’évêque de Bâle pour Fréland. Les représentants du seigneur sont au nombre de trois : le chatelain ou Vogt qui vit au château du Hohnack, le prévôt ou Schultheiss qui préside la justice, le capitaine élu par les communes prête serment au prévôt et est assisté de quatre hommes. De leur côté, les communautés élisent quatre jurés « pour faire et tenir droit de justice ». En cas de nécessité, les seize jurés du Val se réunissent à Lapoutroie sous la présidence du prévôt. On trouve aussi par paroisse, un doyen qui fait office d’auxiliaire de justice et un bangard qui est garde champêtre. Lapoutroie apparaît comme le centre judiciaire du Val. Les seigneurs possèdent des exploitations agricoles nommées manses ou des forêts comme par exemple le Bois le Sire à Orbey. Le domaine le plus vaste est l’abbaye de Pairis avec 900 ha. Les noms de villages donnés par les souverains sont de langue germanique alors que ceux donnés par la population sont de langue romane.
La mise en défense du Val d’Orbey
Les Ribeaupierre entreprennent après 1437 des travaux de renforcement du château du Hohnack qui devient une citadelle. Durant la guerre de Trente Ans (1618 – 1648), des redoutes sont construites sur la ligne des crêtes entre Lorraine et Alsace. Des traces de l’une d’entre elles existent encore près du col du Bonhomme. Elle est connue sous le nom de « redoute des Suédois » ou « fort Galasse ».
Deux siècles de calamités : XIVe et XVe siècles
Des épidémies de peste noire en 1349, 1381-1382, 1426, 1438. Des famines en 1306, 1313, 1318, 1337. Le pillage par les grandes compagnies en 1356, 1359, 1362 et par les écorcheurs en 1439 et 1434. La vie reprend après 1450. L’abbaye de Pairis qui ne comporte plus que 3 moines est rétrogradée au rang de prieuré et dépend de l’abbaye de Maulbronn dans le Wurtemberg. Elle en comprendra 18 en 1475.
Les prix et les impôts augmentent dans un contexte d’inquiétude religieuse suscitée par les malheurs du temps. La révolte des paysans de Souabe en mars 1525 se propage en Alsace en avril. L’abbaye de Pairis est attaquée. La révolte est matée par le duc de Lorraine appelé à la rescousse par les seigneurs alsaciens. Les quatre paroisses sont condamnées à une amende de 2 000 florins, à la réparation des dommages causés à Pairis et à une limitation des droits de pêche.
Le Val d’Orbey sous l’Ancien Régime : XVIe au XVIIIe siècle.
1525 - La guerre des paysans
Les prix et les impôts augmentent dans un contexte d’inquiétude religieuse suscitée par les malheurs du temps. La révolte des paysans de Souabe en mars 1525 se propage en Alsace en avril. L’abbaye de Pairis est attaquée. La révolte est matée par le duc de Lorraine appelé à la rescousse par les seigneurs alsaciens. Les quatre paroisses sont condamnées à une amende de 2 000 florins, à la réparation des dommages causés à Pairis et à une limitation des droits de pêche.
Reprise de l’activité
Au début du XVIe siècle, l’activité économique reprend. L’activité minière initiée par les Ribeaupierre à Fertrupt connait son apogée entre 1547 et 1574 et a un impact sur le Val d’Orbey : trois fonderies à Fréland en 1541, cinq fours au Bonhomme en 1551 puis un à Orbey en aval de Pairis au Noir- Rupt.
La guerre de Trente Ans : 1618- 1648
Elle débute en Bohême entre les nobles tchèques protestants et les Habsbourg catholiques qui ont vaincu les Tchèques en 1620. Puis le conflit devient européen. En Alsace, les Suédois et le duc de Lorraine s’opposent aux Habsbourg. Entre 1632 et 1636 les troupes suédoises laissent un souvenir particulièrement atroce en incendiant Kaysersberg et l’abbaye d’Alspach et en pillant celle de Pairis. En 1634, Colmar se place sous la protection du roi de France.
Le gouverneur de Colmar installe une garnison au Hohnack pour sécuriser les approvisionnements venant de Lorraine.
1648 : Louis XIV récupère les terres des Habsbourg en Haute Alsace au Traité de Westphalie. Les Ribeaupierre deviennent donc vassaux du roi de France.
En 1673, meurt le dernier Ribeaupierre. Sa fille Catherine Agathe a épousé Christian II de Birkenfeld, duc de Deux-Ponts (Zweibrücken), qui hérite du domaine des Ribeaupierre, grâce à la protection de Louis XIV. La seigneurie dépend des Deux-Ponts jusqu’à la Révolution.
Le Val d’Orbey est très appauvri : entre 1580 et 1648, la population a diminué de 72 % dont 89 % au Bonhomme, 63 % à Lapoutroie, 61 % à Orbey, 76 % à Fréland et 86 % à Labaroche-Hachimette.
Suivront encore trois guerres de Louis XIV : la guerre de Hollande de 1672 à 1678 lors de laquelle les Impériaux rentrent en Alsace à trois reprises, la guerre de la Ligue d’Augsbourg de 1688 à 1697 et la guerre de succession d’Espagne de 1701 à 1714. Le Val d’Orbey ne subit pas d’occupations mais doit participer à l’effort de guerre. Les habitants du Val se rebellent en 1686 contre le seigneur et les impôts royaux mais n’obtiennent pas de résultats et doivent au contraire se soumettre et supporter leur seigneur, ami du Roi, jusqu’à la Révolution. Les Deux-Ponts mènent un train fastueux et ont besoin de grosses ressources.
Après 1715
Le val d’Orbey se repeuple sous l’effet de l’accroissement naturel et de l’immigration. La population : 1693 : 2 895 habitants, 1732 : 3 927, 1776 : 7 316 soit + 153 % en 83 ans. L’immigration avait surtout pour origine l’Alsace et la Lorraine ainsi que quelques Suisses, Allemands, Savoyards et Italiens. En 1673, le dernier représentant de la famille des Ribeaupierre meurt. Le roi reconnaît alors comme héritier des domaines, Christian II de Birkenfeld-Deux-Ponts.
Administration
L’administration est calquée sur l’administration française : le conseil souverain d’Alsace installé à Colmar incarne la justice royale. Les baillis achètent leur charge à leur seigneur. Un bailli est nommé pour le Val ainsi qu’un procureur fiscal et un notaire royal. La justice est rendue par trois jurés présidés par un prévôt nommé par le seigneur. Les officiers chargés de la gestion quotidienne étaient plus nombreux et leur nombre varie en fonction de la population. Au doyen et au bangard, s’ajoutent un maître bourgeois chargé de lever les impôts, un consordier qui gère le conseil de fabrique, un maître d’école qui est aussi marguiller (sacristain), un maitre des chemins et un taxeur de vin.
Reprise économique
L'étendue des champs s’accroit considérablement pour faire face à l’augmentation démographique : 635 arpents en 1716 ; 4 973 arpents en 1770 (un arpent = 51 ares). Cette extension entraîne la construction de moulins : 10 moulins en 1701 ; 32 en 1773. La majorité des forêts soit environ 7 462 arpents appartient au seigneur. Les premiers tissages à domicile apparaissent. L’abbaye de Pairis s’enrichit. L’enseignement se développe et concerne surtout l’apprentissage de la lecture, l’écriture et la prière. En 1775, 67 % des hommes et 31 % des femmes signent leurs actes de mariage. Le Conseil Souverain de Colmar recrute ses procureurs dans le Val d’Orbey francophone. L’augmentation de la population provoque un manque de terres qui s’ajoutent à des contentieux sur les forêts et droits seigneuriaux et des procès contre l’abbaye de Pairis.
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